Familles RAYMOND, REMOND,
RAMON - DAMOURS
(Paris, Quebec) - MARSOLET
(Rouen, Canada) - CAEN
(Rouen, Canada) - ARGUIN
(Camaret sur Mer, Quebec)
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Sommaire:
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Fichier Origine (relevé par Geneviève Blervacque)
I.
Jean RAMON x 12.2.1726 Saint-Pierre de Clairac (47269) Anne LAFARGUE
d'où
II.
Jean-Bapiste-Moïse REMOND °9.11.1732 Saint-Pierre de Clairac
(47269) x 1754 Marie-Françoise d'AMOUR de LOUVIèRE.
RAYMOND,
JEAN-BAPTISTE, homme d affaires, seigneur, homme politique, juge de
paix, fonctionnaire et officier de milice, né le 6 décembre
1757 à Saint-Roch-des-AuInaies (Québec), seul enfant
survivant de Jean-Baptiste-Moyse de Rémond et de
Marie-Françoise Damours de Louvières ; décédé
le 19 mars 1825 à Laprairie (La Praine, Québec). Les
parents de Jean-Baptiste Raymond étaient peut-être
huguenots mais, comme le protestantisme était interdit en
Nouvelle-France, ils firent forcément baptiser leur fils dans
la religion catholique. De toute évidence. Raymond reçut
une certaine instruction, puisqu'il savait lire et écrire,
mais il était probablement unilingue. Vers l'âge de 12
ans, il partit pour les pays d'en haut où. selon un de ses
descendants, Henri Masson. « il eut à supporter de
grandes souffrances et fut criblé de blessures ».
Raymond revint dans l'Est en 1783 et, le 6 septembre 1784, il épousa
Marie-Clotilde Girardin, fille du marchand montréalais
Charles-François Girardin. A cette date, il était
lui-même déjà installé comme marchand à
La Tortue (Saint-Mathieu), localité qu'il avait fondée
dans la paroisse de Saint-Philippe-de-Laprairie. Ses activités
commerciales, semble-t-il, furent variées. Il tint d'abord un
commerce de marchandises sèches ; il vendait des articles
manufacturés et des articles de ménage pour lesquels il
se faisait payer en espèces, ou bien en nature, probablement
avec du blé. En 1785, il devait £400 à la firme
montréalaise King and McCord JV. Thomas McCord] et 11 500 ll à
un marchand et ami intime, Charles Larrivé, également
de Montréal, pour des marchandises achetées à
crédit ; il mit six ans à payer ces deux dettes. Au
milieu des années 1790, toutefois, Raymond faisait déjà
très largement crédit dans la region de Laprairie et de
La Tortue. En 1796, il s associa à une entreprise de
spéculation ayant pour but de vendre de la poudre à
canon aux États-Unis. Il semble toutefois qu'il dépassa
ses limites financières. En juin 1796, il vendit la seigneurie
du Lac-Matapédia (que sa mère lui avait léguée
en même temps qu'un lot Québec) à Patrick Langan
pour la somme de £700, de laquelle un montant de £250
devait être versé à John McKindlay, marchand de
Montréal, vraisernblablement pour rembourser une dette.
Pourtant, au début de 1797, McKindlay obtint jugement contre
Raymond pour non-paiement de cette dette. La vente à Langan
fut annulée et la seigneurie, saisie par le shérif de
Québec, fut mise aux enchères le 26 septembre ; Langan
acheta de nouveau la propriété et en remit le tiers
indivis à McKindlay. probablement en remboursement de la dette
de Raymond. Il semble que Raymond ne tarda pas à retomber sur
ses pieds En 1801. il acheta un lot à laprairie et peut-être
parce que ses affaires étaient florissantes ou prometteuses,
il y installa bientôt sa famille qui vivait alors à La
Tortue. Entre 1805 et 1810. il prit son fils Jean-Moïse comme
associé dans son commerce de marchandises sèches, et la
firme Jean-Baptiste Raymond et Fils devint l'un des commerces les
plus prospères de la région. À cette époque.
Raymond souffrait déjà d'infirmités et de
maladies chroniques, peut-être à cause des blessures
subies quand il était trafiquant de fourrures ; il commença
alors à confier à son fils une grande part de la
direction de l'entreprise. Au cours des premières décennies
du XIXe siècle, la firme exploita des scieries, fabriqua de la
potasse et fit probablement un important commerce de blé.
Outre ses activités commerciales. Raymond lit l'acquisition de
nombreux biens immobiliers ; à partir de 1810, il réalisa
la plupart de ces opérations à Laprairie et dans les
environs et. avec le notaire Edme Henry, il finit par se disputer la
première place comme propriétaire de l'endroit. En
1814. il put donner à Jean-Moïse, à titre d'avance
sur son héritage, une maison, un magasin et un entrepôt
à Laprairie ; ces bâtiments, tous en pierre, étaient
évalués à £750. Trois ans plus tard, sa
fille Clothilde et son mari, Paul-Théophile Pinsonaut,
reçurent de la même façon une étendue de
terre ainsi que deux fabriques de potasse valant 12 000//. Lorsqu'une
autre de ses filles, Marie-Geneviève-Sophie, épousa le
jeune et ambitieux marchand Joseph Masson en 1818, celui-ci reçut
de son associé écossais Hugh Robertson les
félicitations suivantes : « En somme je suis sûr
que vous n'auriez pu être plus prudent au sujet d'une telle
alliance, car M. Raymond est un homme très respectable et de
beaucoup de valeur ; elle a donc tout mon appui. » En 1800,
Raymond était déjà un homme en vue dans la
région lorsqu'il fut élu, en même temps que
Joseph-François Perrault, député de la
circonscription de Huntingdon à la chambre d'Assemblée
en remplacement de Joseph Périnault. Il fut réélu
quatre ans plus tard, conjointement cette fois avec sir Alexander
Mackenzie. Néanmoins, sa présence à l'Assemblée
était sporadique ; sa participation à des comités
se rapportant au commerce témoigne de sa compétence et
de son intérêt dans ce domaine, mais sa préoccupation
première était apparemment la marche de ses propres
affaires. 11 était devenu un homme important dans sa localité
; il fut en effet nomme juge de paix une première fois en août
1803. puis une seconde fois en novembre 1812. et il reçut en
1817 une commission qui le chargeait d'améliorer les
communications nications dans le comté de Huntingdon. En 1812,
.i1 fut nommé capitaine du 1er bataillon de mille de
Boucherville. Lorsqu'en 1822 le parti canadien organisa dans le
Bas-Canada une opposition au projet d'union de cette province avec le
Haut-Canada, Raymond fut élu président, et Jean-Moïse
secrétaire, d'une assemblée tenue dans Huntingdon pour
protester contre le projet. Des 17 enfants qui naquirent du mariage
de Raymond avec Marie-Clotilde Girardin, 7 seulement (un garçon
et 6 filles) atteignirent l'adolescence. La règle voulait
qu'ils se marient au sein de l'élite coloniale, canadienne ou
britannique ; toutes les filles épousèrent donc des
membres de professions libérales ou des marchands. Raymond
mourut en 1825 à Laprairie et, selon la tradition qui
prévalait pour un homme de son rang, il fut inhumé dans
l'église paroissiale. Trois ans plus tard, sa veuve épousa
Edme Henry. Les activités commerciales de Jean-Baptiste
Raymond, ses liens familiaux et ses occupations officielles le
rangent parmi la petite bourgeoisie du Bas-Canada et sont
caractéristiques des élites locales de toutes les
sociétés préindustrielles. L'étude
d'autres membres de cette classe peut jeter un bon éclairage
sur l'histoire sociale et économique de la colonie et, d'une
manière générale, sur le Canada d'avant l'ère
industrielle.
Alan
Dever
ANQ-M,
CE1-51, 6 sept. 1784; CE1-54, 22 mars 1825; CN1-47, 1791-1794;
CN1-74, 1796; CN1-107, 1811-1817 ; CN1-128, 1785 ; CN1-134, 1821-1828
; CN1-200, 1795-1800; CN1-327, 1805-1821. — AP,
Saint-Roch-des-Aulnaies, Reg. des baptêmes, mariages et
sépultures, 7 déc. 1757. — APC, RG68, General
index, 1651-1841 : 196, 633. — B.-C, chambre d'Assemblée,
Journaux, 1801-1808. — Canada, prov. du, Assemblée
législative, App. des journaux, 1843, app. F. —La
Gazette de Québec, 23 mars 1797, 24 juill. 1800, 27 déc.
1804, 26 mars, 8 oct., 12nov. 1812, 22 mai, 3 juill. 1817, 10sept.,
22oct. 1818,7 janv., 1erjuill., 23déc. 1819, 3 oct. 1822, 9,
16janv. 1823. — Desjardins, Guide pari., 130. —
Inventaire des actes és du village de Laprairie, 1670-1860,
Michel Aubin, compil. (s.l., 1975).—Mariages de Laprairie
(N.-D.-de-la -de-la Madeleine), 1670-1968, Irénée Jette
et Benoît Pontbriand, compil. (Québec, 1970), 232-234. —
Officers of British forces in Canada (Irving), 190. — P.-G.
Roy, Inv. concessions, 4 : 85-86. — Henri Masson, Joseph
Masson, dernier seigneur de Terrebonne, 1791-1847 (Montréal,
1972). — J.-D. Michaud, Notes historiques sur la vallée
de la Matapédia (Val-Brillant, Québec, 1922), 137. —
L.-P. Desrosiers, «Montréal soulève la province»,
Cahiers des Dix, 8 (1943) : 85. — Hare, « l'Assemblée
législative du B.-C. », RHAF, : 376, 379. — J.-J.
Lefebvre, «Jean-Baptiste Raymond (1757-1825), député
de Huntingdon (Laprairie), 1800-1808 », BRH, 58 (1952) : 59-72.
RAYMOND,
JEAN-MOÏSE (Jean-Moyse), marchand, manufacturier, officier de
milice, homme politique, juge de paix et fonctionnaire, né le
5 janvier 1787 à La Tortue (Saint-Mathieu, Québec),
fils de Jean-Baptiste Raymond et de Marie-Clotilde Girardin ; décédé
le 8 février 1843 à Saint-Jacques-de-l'Achigan
(Saint-Jacques, Québec), et inhumé à
L'Assomption, Bas-Canada. Jean-Moïse Raymond passa son enfance
à La Tortue ; vers 1800, sa famille s'installa à
Laprairie (La Prairie). Il fréquenta le collège
Saint-Raphaël à Montréal de 1798 à 1805 et
entra comme associé dans l'entreprise commerciale de son père
avant 1810. Le 20 novembre de cette année-là, il épousa
une jeune fille de 16 ans, Archange Denaut, fille d'un marchand de
Laprairie. Cette union resserra ses liens commerciaux et sociaux avec
la localité. Cependant, le malheur ne tarda pas à le
frapper : sa fille unique mourut en 1812 à l'âge de
trois mois et Archange la suivit dans la tombe en janvier 1813. Le 7
octobre 1813, Raymond obtint, avec le grade de major, le commandement
de deux compagnies du bataillon de milice de Boucherville qui furent
tenues en réserve à la bataille de Châteauguay
plus tard dans le mois. L'année suivante, de retour à
Laprairie, il reçut de son père, à titre
d'avance sur son héritage, un établissement commercial
situé en face de l'église paroissiale. Comme il était
l'unique fils survivant, Jean-Moïse participait étroitement
aux transactions foncières de son père, infirme et
atteint d'une maladie chronique, ainsi qu'aux affaires de plus en
plus prospères de la Jean-Baptiste Raymond et Fils, qui
produisait de la potasse, sciait du bois et vendait des meubles et
produits manufacturés aux fermiers locaux contre du blé.
Son deuxième mariage, contracté le 5 juin 1815 avec
Angélique (Marie des Anges) Leroux d'Esneval, qui avait 18
ans, fut aussi avantageux que le premier ; le père d'Angélique
était Laurent Leroux, marchand de L'Assomption et notable de
plus en plus en vue dans la région. Le couple allait avoir 13
enfants, dont 9 parviendraient à l'âge adulte. Influent
et heureux en affaires, Raymond, comme son père, s'intéressait
à la politique. En 1822, il milita dans un mouvement organisé
notamment par le parti canadien de Louis-Joseph Papineau pour faire
échec à un projet d'union du Bas et du Haut-Canada.
Deux ans plus tard, il accédait, à l'Assemblée,
au siège électoral de Huntingdon, que son père
avait occupé de 1800 à 1808. Il représenta de
1830 à 1838 la circonscription de Laprairie, qu'on avait
formée en 1829 à même celle de Huntingdon.
Consciencieux député de l'arrière-plan, il
assistait régulièrement aux débats (ce que lui
permettait la prospérité de ses affaires) en cette
époque où l'absentéisme sévissait. D
participa activement aux travaux de comités permanents et
spéciaux sur le commerce. Fidèle partisan de Papineau,
il appuya le parti patriote (ancien parti canadien) dans tous les
votes importants, y compris celui des Quatre-vingt-douze Résolutions
en 1834. Cependant, il n'était pas radical et choqua des
patriotes plus extrémistes en s'abonnant, en 1832, à un
nouveau journal conservateur dirigé par les sulpiciens, l'Ami
du peuple, de l'ordre et des lois, de Montréal [V.
Alfred-Xavier Rambau]. Même s'il représentait l'une des
régions les plus agitées de la province, Raymond ne
participa, semble-t-il, à aucune des assemblées locales
de mobilisation tenues par les patriotes à l'automne de 1837,
et il déconseilla probablement le recours à la
violence. En 1830, il était devenu juge de paix du district de
Montréal ; en 1831, on l'avait nommé inspecteur
d'écoles dans le comté de Laprairie. Raymond avait
pris les rênes de l'entreprise familiale à la mort de
son père, en 1825, et il la maintint à Laprairie
jusqu'à la fin des années 1830. Toutefois, de maigres
récoltes dues à la maladie, des difficultés de
crédit et les ravages causés par les rébellions
de 1837-1838 lui infligèrent de lourdes pertes. En 1839, il
liquida l'entreprise et installa sa famille à L'Assomption, où
il avait obtenu une terre de Leroux. La même année, il
ouvrit une distillerie de whisky, probablement à
Saint-Jacques-de-1'Achigan. Comme le crédit était
toujours difficile à obtenir, il avait du mal à régler
ses factures ; l'un de ses beaux-frères, Joseph Masson,
protesta en 1839 et 1840 parce qu'il n'avait pas honoré des
billets à ordre et refusa de lui consentir d'autres avances.
L'année suivante, à l'occasion des premières
élections tenues sous la nouvelle constitution de l'Union [V.
Charles Edward Poulett Thomson], Raymond fut élu par
acclamation dans la circonscription de Leinster. Avec Austin
Cuvillier, John Neilson, Augustin-Norbert Morin, Frédéric-Auguste
Quesnel et Denis-Benjamin Viger, entre autres, il dénonça
maintes fois l'Union. Cependant, en janvier 1842, peut-être
pour des raisons financières, il quitta son siège pour
accepter le poste rémunéré de registrateur du
comté de Leinster. Un peu plus d'un an après sa
nomination, Jean-Moïse Raymond succomba à la suite d'une
« courte mais violente maladie » et fut inhumé en
l'église paroissiale de L'Assomption. Au fil du temps, le
remariage de sa mère et les mariages de quelques-unes de ses
sœurs l'avaient apparenté à plusieurs
personnalités de la région de Laprairie et d'ailleurs
dans la colonie, notamment Masson, Edme Henry, Paul-Théophile
Pinsonaut, notaire et homme d'affaires, Pierre-Joseph Godefroy de
Tonnancour, avocat et député de Trois-Rivières,
et John William McCallum, avocat et major dans la milice. La vie de
Raymond, par sa remarquable continuité avec celle de son père,
présente bien des traits qui caractérisaient l'élite
bas-canadienne des localités et des régions. Ses
enfants, par leur vie professionnelle et leur mariage, maintinrent ou
consolidèrent la position sociale de la famille. Deux de ses
fils devinrent marchands, un autre avocat ; parmi ses filles, l'une
épousa un notaire, une autre l'avocat Magloire Lanctôt
tandis qu'une troisième devint religieuse à
l'Hôtel-Dieu de Montréal.
Alan
Dever
ANQ-M,
CE1-2, 20 nov. 1810; CE1-54, 5 janv. 1787; CE5-14, 5 juin 1815, 11
févr. 1843 ; CN1-32, 1837-1840 ; CN1-134, 1828-1840 ; CN1-199,
1832 ; CN1-299, 1836; CN1-380, 1840;CNl-394, 1833-1836. — B.-C,
chambre d'Assemblée, Journaux, 1825-1837. — Canada,
prov. du, Assemblée législative, App. des journaux,
1843, app. F. — Debates of the Législative Assembly of
United Canada (Abbott Gibbs et al.), 1-2 . — L'Aurore des
Canadas, 16 févr. 1843. — La Minerve, 13 févr.
1843. — Almanach de Québec, 1814-1825. — F.-J.
Audet, «les Législateurs du B.-C. ». —
Caron, «Papiers Duvernay », ANQ Rapport, 1926-1927:
145-258. — Desjardins, Guide pari. — Inventaire des actes
notariés du village de Laprairie, 1670-1860, Michel Aubin,
compil. (s.l., 1975). — Mariages de Laprairie
(N.-D,-de-la-Prairie-de-la-Madelei-ne), 1670-1968, Irenée Jeté
et Benoît Pontbriand, compil. (Québec, 1970). —
Mariages du comté de L'Assomption (du début des
paroisses à 1960 inclusivement) (3 vol., Montréal,
1962). — p. G. Cornell, The alignment of political groups in
Canada, 1841-1867 (Toronto, 1962), 5. — Henri Masson, Joseph
Masson, dernier seigneur de Terrebonne, 1791-(Montréal, 1972).
— Benjamin Suite, la Bataille de Châteauguay (Québec,
1899). — J.-J. Lefebvre, «Jean- Baptiste Raymond
(1757-1825), député de Huntingdon (Laprairie),
1800-1808», BRH, 58 (1952): 59-72; «Jean-Moïse
Raymond (1787-1843), premier député de Laprairie
(1824-1838), natif du comté », BRH, 60 (1954) : 109-120.
DAMOURS
(d'Amours) DE CHAUFFOURS, LOUIS, seigneur en Acadie, trafiquant de
fourrures et soldat, aîné des fils de Mathieu Damours de
Chauffeurs et de Marie Marsolet qui parvinrent à l'âge
adulte, baptisé à Québec le 16 mai 1655, inhumé
le 9 mai 1708 à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.). Le
20 septembre 1684, Louis Damours reçut une seigneurie en
Acadie sur la rivière Rechibouc-tou où il avait
construit un poste fortifié et une habitation deux ans plus
tôt. Le 1er octobre 1686, à Québec, il épousa
Marguerite Guyon, fille de Simon Guyon et sœur de Louise,
laquelle épousa la même année Mathieu Damours de
Freneuse. Trois enfants naquirent de ce mariage. Le 7 octobre 1686,
il obtint les concessions qui avaient auparavant appartenu à
Pierre de Joybert de Soulanges près des forts Jemseg et
Naxouat (Nashwaak), sur la rivière Saint-Jean. Il s'y installa
avec sa famille, sans doute pour se rapprocher de ses frères,
René (Damours de Clignancour) et Mathieu, qui étaient
déjà établis sur les rives de la rivière
Saint-Jean. On sait que quelques années plus tard il
exploitait un commerce et cultivait ses terres tout en continuant de
faire la traite avec les Indiens. Le gouverneur Robinau de Villebon
critiquait abondamment les trois frères Damours, affirmant
qu'ils étaient de mauvaise réputation, qu'ils avaient
pour l'eau-de-vie un goût immodéré et qu'ils
négligeaient de mettre leurs biens en valeur Villebon avait
porté des accusations à peu près semblables
contre des fonctionnaires et d'autres colons; il semble certain que
les intrigues, les querelles et la discorde entretenaient un climat
malsain engendré peut-être par la conduite de Villebon
lui-même, qui faisait illégalement la traite des
fourrures. Quoi qu'il en fût, le ministre Pontchartrain
réprimanda Villebon pour sa conduite envers les frères
Damours. En 1695, Louis Damours acheta John Gyles, qui était
prisonnier des Indiens malécites. Celui-ci publia plus tard
une relation de ses expériences qui contient une foule de
renseignements sur la région de Saint-Jean à l'époque.
En août 1696, Damours participa à l'attaque du fort
William Henry à Pemaquid (Nouvelle-Angleterre), par des
troupes alliées françaises et indiennes, sous la
conduite de Pierre Le Moyne d'Iberville et Jean-Vincent D'ABBADIE de
Saint-Castin. Damours commandait son propre navire dans cette
expédition et, après la prise de Pemaquid, il emmena la
garnison à Boston. En octobre de la même année,
un détachement de la Nouvelle-Angleterre sous les ordres de
Hathorne fit un raid le long de la rivière Saint-Jean. Bien
que Damours se trouvât en France à ce moment-là,
sa demeure et les dépendances, ses récoltes et son
bétail — en somme, ce qui constituait peut-être la
plus grosse ferme de la région a l'époque —
furent épargnés grâce à une note que Gyles
adressa au commandant. Plus tard, Damours affranchit Gyles pour son
geste de La décision du gouverneur de Brouillan [Mombeton]
d'abandonner la défense de la rivière Saint-Jean et les
dommages causes a sa propriété par l'inondation de 1701
décidèrent Damours à déménager à
Porl-Royal. Brouillan fit appel à la générosité
du roi en faveur de Damours qui avait de graves soucis financiers.
Mme Damours mourut à peu près à cette époque.
La guerre entre les Français et les Anglais ayant repris de
nouveau en Acadie. Damours s'engagea dans les troupes françaises
et fut fait prisonnier en 1703. Il fut incarcéré
pendant un peu plus de deux ans à Boston, puis retourna à
Port-Royal en 1706 où il mourut deux ans plus tard. Durant les
années qu'il avait passées à sa seigneurie sur
la rivière Saint-Jean, Brouillan avait dit de lui avec
beaucoup de justesse : « Monsieur De Chaufour [...] soutenoit
les habitans et les Sauvages »,
George
MacBeath
G29
DAMOURS
(d'Amours) DE CLIGNANCOUR René, seigneur et trafiquant de
fourrures, fils de Mathieu Damours de Chauffours, membre du Conseil
souverain, et de Marie Marsolet baptisé a Québec le 9
août 1660, décédé après 1710 Le 20
septembre 1684, René Damours reçut une concession d'une
longueur de plus de 90 milles en Acadie, le long des deux rives de la
rivière Saint-Jean, depuis Médoctec (Meductie) jusqu'à
Grand-Sault (Grand Falls). Il ne se consacra pas à
l'agriculture avec autant d'ardeur que ses frères puisqu'il ne
défricha que 15 aprents en 12 ans. Il semble avoir préféré
faire la traite avec les Indiens et tout laisse croire qu'il avait
des agents dans ce but à Médoctec, le plus gros village
indien sur la rivière Saint-Jean. Quoiqu'il n'existe pas de
preuve certaine à ce sujet, quelques-unes des accusations que
porta le gouverneur Robinau de Villebon contre les frères
Damours, pour conduite licencieuse et manquement à
l'obligation de défricher leurs terres, étaient
peut-être justifiées dans le cas de René, durant
les premières années qui suivirent son arrivée à
la rivière Saint-Jean. Le 13 octobre 1689, à Québec,
Damours épousa Françoise-Charlotte, fille de Charles
Legardeur de Tilly. Le jeune ménage se rendit en Acadie et
s'installa, non pas sur les terres de René, mais à
Aucpac sur l'île Cléoncoré (appelée de nos
jours l'île Eccles) qui appartenait à son frère
Louis. Certains indices laissent croire que, tout en continuant de
faire la traite des fourrures, il s'adonna de plus en plus à
l'agriculture. En 1698, d'après le recensement, il habitait
toujours à l'île Cléoncoré, avec sa femme
et ses quatre enfants, et il y faisait l'élevage de gros
bétail, de porcs et de volailles, de même que la culture
du blé. Quand Hathorne attaqua le fort Saint-Joseph (Naxouat)
le 18 octobre 1696, Damours fut nommé, conjointement avec le
corsaire Pierre Maisonnat dit Baptiste, commandant des troupes
indiennes qui participaient à la défense. Le joui
suivant, Damours et Baptiste reçurent l'ordre de pourchasser
les forces de la Nouvelle-Angleterre qui se retiraient, mais il leur
fut impossible de convaincre les Indiens de passer à l'action.
Tout laisse croire que, peu de temps après l'évacuation
du fort Saint-Joseph par Villebon er 1698, Damours installa sa
famille à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.).
Toutefois, il continua de prendre part aux raids des Indiens sur les
établissements de la Nouvelle-Angleterre. Il se trouvait à
Port-Royal lors de la prise de la place par les forces anglaises et
coloniales sous les ordres de Nicholson à l'automne de 1710.
Plus tard les colons acadiens de la région de Port-Royal le
déléguèrent pour porter au gouverneur de
Vaudreuil [Rigaud] une lettre (datée du Ï3 novembre 1710)
dans laquelle ils se plaignaient des mauvais traitements que leur
aurait infligés VETCH, le commandant de Port-Royal C'est là
la dernière mention que nous ayons de lui.
George
MacBeath
DAMOURS
(d'Amours) DE CHAUFFOURS, Mathieu, major de Québec, armateur,
membre du Conseil souverain, seigneur de Matane, né en 1618 de
Louis Damours, conseiller au Châtelet de Paris et d'Elisabeth
Tessier, inhumé à Québec le 9 octobre 1695. Les
ancêtres de Mathieu Damours appartenaient à la noblesse
française et avaient possédé des seigneuries en
Anjou. La seigneurie de Chauffours, située près
d'Angers, avait été acquise en 1586 par Jean Damours,
conseiller au parlement de Bretagne. Mathieu Damours arriva à
Québec en 1651, en compagnie de sa soeur Elisabeth et de son
beau-frère Louis-Théandre Chartier de Lotbinière,
probablement sur le même navire que le gouverneur Jean de
Lauson, le 13 octobre. Le 16 mars 1652, Mathieu Damours signait
devant Rolland Godet un contrat de mariage avec Marie Marsolet, fille
de Nicolas Marsolet, le célèbre interprète des
Français auprès des Algonquins. Les Jugements et
Délibérations du Conseil souverain nous renseignent sur
les premières activités à Québec de
Mathieu Damours, qui "peu de temps après son arrivée
[..] fut choisy pour estre Major dans cette ville, Et ensuite pour
commander un Camp volant." Lors de l'établissement du
Conseil souverain, en 1663, le gouverneur de Saffray de Mézy
et l'évéque, Mgr de Laval, désignèrent
Mathieu Damours au poste de conseiller. Il assista à h
première réunion, le 18 septembre 1663, entreprenant
une longue carrière, puisqu'il fut membre du Conseil souverain
jusqu'à sa mort. Damours fut mêlé à
quelques incidents qui se produisirent au sein du conseil. Ainsi, dès
le printemps de 1664, dans le conflit qui opposait le gouverneur à
l'évéque, Damours fut du parti du gouverneur, et
celui-ci le maintint dans ses fonctions. A la réorganisation
du conseil, en décentre 1666, Tracy [V. Prouville] renomma le
conseiller Damours. La carrière du conseiller fut dans la
suite assez paisible, au moins jusqu'en 1681. Cette année-là,
en avril, Damours obtint un congé de traite et passa une
partie de l'été dans sa seigneurie de Matane, d'où
il revint avec une barque bien remplie. Dès son arrivée
à Québec, il fut sommé de se présenter
chez le gouverneur de Buade de Frontenac, qui lui reprochait d'avoir
violé les termes de son contrat en apportant plus de
marchandises qu'il n'avait été autorisé à
le faire. En dépit des protestations du conseiller, le
gouverneur fit incarcérer Mathieu Damours, le 12 août
1681, dans l'une des chambres du château Saint-Louis. Malgré
l'intervention des membres de sa famille et de ses amis, Damours ne
fut relâché que deux mois plus tard, le 20 octobre.
C'était peut-être une vengeance de Frontenac contre un
conseller qui lui avait pas été trop sympatique l'année
précédente au sein du conseil. Le 8 novembre 1672,
Damours avait fait l'acquisition de la seigneurie de Matane, où
il ne développa aucunement l'agriculture et ne fit aucune
concession. Seules les ressources en poisson de la rivière
Matane semblent avoir intéressé le seigneur, qui
possédait par ailleurs une concession réputée
prospère à la rivière Saint-Jean. Il reçut
aussi une concession de l'intendant Duchesneau le 26 juin 1677, sur
la rivière Métis, avec le droit de pêche sur le
fleuve Saint-Laurent. Mathieu Damours mourut à Quévec
le 9 octobre 1695 et sa femme qui lui avait donné 15 enfants,
décéda à Montréal le 24 novembre 1711.
Plusieurs des enfants s'établirent en Acadie, où la
famille Damours put ainsi prendre souche. Ses fils, entre autres
Mathieu Damours de Freneuse, perpétuèrent sa
descendance.
F.
Grenier (sources cf Dico bio canada)
DAMOURS
(d'Amours) DE FRENEUSE, MATHIEU, seigneur en Acadie et membre du
Conseil souverain de la Nouvelle-France en remplacement de son père,
né le 14 mars 1657 à Québec, fils de Mathieu
Damours de Chauffours et de Marie Marsolet, mort en 1696. Mathieu
Damours se destinait à la prêtrise et il resta dans les
ordres de 1677 à 1680 au séminaire de Québec ;
il en sortit au bout de trois ans. Grâce à l'influence
de son père, il reçut de vastes concessions
seigneuriales en Acadie, de même que trois de ses frères
: Louis, sieur de Chauffours, René, sieur de Clignancour,
Bernard, sieur de Plaines. Celle de Mathieu Damours, en date de 1684,
comprenait les terres situés entre Jemseg et Naxouat
(Nashwaak), sur la rivière Saint-Jean. Il y établit la
seigneurie la mieux cultivée de la vallée et, aidé
de son frère Louis, y construisit une scierie. Il fit venir
des colons, bâtit une résidence et des granges, se
constitua un troupeau et ne tarda pas à récolter. En
outre, il semble s'être livré à la traite avec
les Indiens. En 1689, il était nommé au Conseil
souverain, mais seulement pour remplacer son père en cas
d'absence ou de décès. Il se rendit au conseil pour y
prêter le serment d'office en 1690. Le gouverneur Joseph
Robinau de Villebon, qui le détestait, lui et ses frères,
se plaignit aux autorités de la métropole qu'ils
étaient libertins et insubordonnés, et ne se
préoccupaient guère de mettre leurs biens en valeur,
accusations sans fondement dans le cas de Mathieu. En 1696, une
expédition venue de la Nouvelle-Angleterre et commandée
par le colonel John Hathorne attaqua le fort Saint-Joseph (Naxouat),
quartier général du gouverneur Villebon. Mathieu
Damours contribua brillamment à la défense, qui réussit
à repousser l'ennemi. En se retirant, Hathorne et ses hommes
brûlèrent la maison et les granges de Damours, donts ils
tuèrent le bétail. Damours lui-même, malade par
suite des souffrances endurées au cours de l'attaque, mourut
Peu de temps après. Sa veuve (Louise Guyon, veuve de Charles
Thibault, qu'elle avait épousé en 1686) alla demeurer à
Port-Royal lorsque le gouverneur Jacques-François de Brouillan
y établit son quartier général. Il est
vraisemblable que, pendant son séjour de quelques années
à Port-Royal, elle fut la maîtresse aussi bien du
gouverneur que du sieur Denys de Bonaventure, qui s'était
distingué comme officier de marine. Elle devint ainsi la femme
dont on parlait le plus en Nouvelle-France. En 1708. elle fut envoyée
à Québec où on la reçut dans les cercles
les plus fermés. Trois ans plus tard, elle reparaissait à
Port-Royal, passé aux mains des Anglais, après avoir
traversé la baie dite maintenant de Fundy dans un canot
d'écorce, en plein hiver, avec le seul secours d'un Indien et
du cadet de ses fils. On l'autorisa à demeurer à
Port-Royal. Peu après, un parti de soldats anglais tombait
dans une embuscade. Le même soir, Mme de Freneuse était
emmenée en lieu sûr par un parti de Français, ce
qui confirme les soupçons qu'elle n'était revenue à
Port-Royal que pour servir la cause des Français.
George
MacBeath (source dico bio Canada)
Damours
(Gabriel), seigneur de Serain, conseiller. —
Reçu au Grand Conseil le 20 avril 1543 dans l'une des six
charges nouvelles créées par l'édit d'avril 1543
', résigne en 1563 en faveur de son fils Pierre,
devient honoraire le 24 mai 1564 2. Il était
fils de François, maître d'Hôtel de Charles
VIII, et de Gabrielle Hennequin. Il épousa Madeleine
Bidault, dont il eut neuf enfants 3, dont
Pierre, qui suit, et Jean, seigneur de Serain et de Chauffeur,
conseiller au parlement de Bretagne 4.
Arch.
nat., U631, p. 497, et Bibl. nat., ms. fr. 32989,
fol. 171v°, et ms.
fr. 14015, p. 27.
M.
Pelletier, op. cit., p. 283, n° 137, et Arch. nat., U
611, p. 301.
Arch.
nat., U 634, p. 569.
F.
Saulnier, op. cit., t. I, p. 287
(source:
C. Trani, les officiers aux gd conseil, in mem Paris Ile de France,
1991)
Damours
(Pierre), seigneur de Serain, conseiller. — Nommé
par lettres de provision données à Caen le 26 août
1563 sur la résignation de Gabriel, son père,
qui précède 1. Reçu le 27
mai 1564 à Dijon. Fut ensuite reçu conseiller au
parlement de Paris, sans examen, le 7 septembre 1568 2
et obtint du roi, par lettres du 7 avril 1569, d'
« être payé de ses gages, nonobstant qu'il
n'eût pas servi ». Il mourut le 28 décembre 1601.
Il prit le parti de la Ligue et fut représentant du Parlement
au Conseil de l'Union. Après la pacification, il fut
conseiller d'État, en 1594 3. Il était
le fils aîné de Gabriel, conseiller au G. C,
et de Madeleine Bidault. Il se maria avec Jeanne Le Prévost,
fille de Jean, seigneur de Malassis, conseiller au
parlement de Paris et président aux enquêtes de la cour,
dont il eut six enfants. L'aîné, Gabriel,
fut lui-même conseiller au parlement de Paris, en
1594; un autre, Louis, fut conseiller au Châtelet,
un autre, Augustin, fut chevalier de Malte et l'une des filles,
Elisabeth, fut mariée à M. de Lauzon de Villiers, qui
était également conseiller au parlement de Paris et
commissaire aux requêtes du Palais 4.
Arch.
nat., U 631, p. 795 et 839, et Bibl. nat., ms. fr. 14015, p. 41.
É.
Maugis, op. cit., t. II, p. 238.
H.
de FRONDEVILLE, Les présidents du parlement de Normandie,
op. cit., p. 238-240.
Ibid.
et Bibl. nat., ms. fr. 32989, fol. 171 v° et 189, et ms. fr.
32990, p. 183.
(source:
C. Trani, les officiers aux gd conseil, in mem Paris Ile de France,
1991)
Lien
avec Enguerrand de Marigny
Enguerrand
Le Portier de Marigny 1260-1315 d'où
Isabelle
Le Portier de Marigny x Geoffroy-Marcel de Longueuil d'où
Guillaume
de Longueuil d'où
Jean
de Longueuil +1430 d'où
Jean
de Longueuil x Marie de Morvilliers d'où
Geraude
de Longueuil x Guillaume Aguenin dit Le Duc sgr de Vilvodé
+1508 d'où
Marie
Aguenin x Robert Lotin sgr de Charny d'où
Justine
Lotin x Jean Leprévost sieur de Brevants, Grandville et
Mallasine d'où
Jean
Leprévost sieur de Mallassise x Anne Leclerc d'où
Jeanne
Leprévost x Pierre Damours sieur du Serin
(source
René Jetté)
MARSOLET
DE SAINT-AIGNAIN. NICOLAS. interprète, commis de la traite,
maître de barque, trafiquant et seigneur, originaire des
environs de Rouen — peut-être de Saint-Aignan-sur-Ry.
comme le suggère son nom —. né en 1587, si l'on
en croit l'acte de sépulture, ou en 1601. suivant le
recensement de 1666, décédé à Québec
le 15 mai 1677. Les historiens ne s'accordent pas sur la date de
l'arrivée en Nouvelle-France de Marsolet : les uns optent pour
1608. les autres pour 1613 ou 1618. Le seul témoignage un peu
explicite est celui de Champlain qui, racontant les événements
de 1629, écrivait de Pierre Raye, d'Etienne Brûlé
et de Marsolet qu'il les avait « autrefois mené[s] en
[ses] voyages, il y avoit plus de quinze à seize ans ».
Or, justement, nous savons que Champlain, en 1613, avait quitté
la France pour un sixième séjour au Canada, au cours
duquel il remonta l'Outaouais jusqu'à l'île aux
Allumettes, en pays algonquin. C'est cette année-là,
croyons-nous, que Marsolet — futur interprète en langues
montagnaise et algonquine — débarqua dans la colonie, en
compagnie du fondateur de Québec. On peut distinguer, dans la
longue carrière de Marsolet, deux périodes pendant
lesquelles il fit successivement siennes les conceptions de la
colonisation dont les tenants s'affrontaient en Nouvelle-France.
D'une part, les commerçants et leurs commis, uniquement
préoccupés de fourrures et de richesses, s'opposaient à
l'établissement d'une population française ; Champlain
et ses alliés, d'autre part, luttaient pour peupler la colonie
et évangéliser les Indiens. Jusque vers 1636, Marsolet
semble avoir appuyé les marchands ; par la suite, il passa
dans l'autre camp. Sur Marsolet, on possède peu de
renseignements antérieurs à 1629. En 1623 et 1624 sa
présence est signalée à Tadoussac ; le 24 mars
1627, il était à Paris ; à l'été
de 1627, de retour au Canada, il prenait part à la traite, au
Cap-de-la-victoire. Enfin, peut-être est-il ce «
truchement » Qui. en 1626-1627, retenu par une pleurésie,
hiverna chez les Jésuites de Québec et consentit à
communiquer ses connaissances linguistiques au père Charles
Lalemant. Dès son arrivée en Nouvelle-France, Marsolet
partagea probablement son activité entre les postes de
Tadoussac. de Québec, de Trois-Rivières et les villages
algonquins de l'Outaouais. vivant avec les Indiens dans la plus
grande liberté et constamment à la recherche de gros
profits. C'est du moins ce que laissait entendre Champlain, en 1629,
lorsqu'il accusait Marsolet et Brûlé de «
demeurefr] sans religion, mangeant chair Ven-dredy & Samedy »,
de se licencier « en des des-bauches & libertinages
desordonnées » et surtout d'avoir, par amour du lucre, «
trahy leur Roy & vendu leur patrie » en se mettant au
service des Anglais, lors de la prise de Québec par les Kirke.
De Marsolet, Champlain eut une autre raison de se plaindre.
L'interprète, en effet, fit échouer son projet
d'emmener en France Charité et Espérance, deux
Indiennes que le fondateur de Québec avait adoptées.
Dans le dessein, peut-être, de garder auprès de lui les
jeunes filles, dont le « galand », écrit
Champlain, « vouloit abuser », ou pour punir Espérance
du refus qu'elle avait opposé à ses avances, Marsolet
persuada faussement Kirke — fort soucieux de la faveur des
Indiens — que ces derniers verraient d'un mauvais œil le
départ des adolescentes. Malgré les dénégations
indignées de Champlain et son offre d'apaiser les Indiens par
un riche présent, David Kirke ne l'autorisa pas à
prendre avec lui ses deux protégées. Cette machination
de Marsolet lui valut, de Champlain et d'Espérance, de
virulents reproches. A la fin de l'été 1629, la plupart
des Français s'embarquèrent pour la France. Marsolet
resta. Au bénéfice des Anglais, il continua d'exercer
son métier d'interprète. En 1632, les Français
revinrent. De nouveau, Marsolet changea d'allégeance, mais non
point entièrement d'attitude : « En tant d'années
qu'on a esté en ces pais, écrivait en 1633 le jésuite
Paul Le Jeune, on n'a jamais rien pu tirer de l'interprète ou
truchement nommé Marsolet, qui pour excuse disoit qu'il avoit
juré qu'il ne donneroit rien du langage des Sauvages à
qui que ce fût. » Seul, le « Père Charles
Lallement le gagna ». Nicolas Marsolet couvait encore cette
vieille méfiance, commune à la majorité des
trafiquants, à l'endroit des missionnaires — et des
colons — dont on redoutait l'influence sur les Indiens
pourvoyeurs de la traite. Cependant, l'interprète était
sur le point de laisser tomber ses préventions. Vers 1636, le
mouvement en faveur du peuplement et de l'évangélisation,
bien qu'à ses débuts, paraissait irréversible.
Marsolet se rallia ù l'opinion générale et
décida de s'établir. En 1636 ou 1637 (un premier enfant
fut baptisé le 22 février 1638). il épousait
Marie Le Barbier et, le 6 octobre 1637, prenait possession de la
seigneurie de Bellechasse (Berthier). d'un quart de lieue de front
par une lieue et demie de profondeur, que les Cent-Associés
lui avaient concédée le 28 mars précédent
; trois ans plus tard, le 20 novembre 1640, il achetait de René
Maheu une terre au coteau Sainte-Geneviève. Dès lors,
Marsolet mena une vie rangée. En 1643, par exemple, la
Relation en parlait comme d'un collaborateur précieux des
missionnaires. Sa longue expérience des questions indiennes et
de la traite valut à Marsolet, vers 1642, l'emploi de commis
des Cent-Associés ; mais bientôt, tout en exerçant
son métier d'interprète, qu'il n'abandonna jamais,
Marsolet trafiqua pour son compte. En mauvais termes avec les
dirigeants de la Communauté des Habitants, dont il
désapprouvait le luxe et contre lesquels il souleva, en
janvier 1646, un mouvement de protestation vite réprimé
par le gouverneur, Marsolet dut faire fond sur ses propres ressources
pour mener à bien ses entreprises commerciales. Depuis 1647 au
moins, il était propriétaire d'une barque qu'il
utilisait dans ses voyages de traite à Tadoussac. Plus tard,
vers 1660, il semble avoir tenu boutique à Québec : en
décembre 1664, par exemple, on l'accusait d'avoir débité
du vin à 25s. le pot, malgré les arrêts du
conseil. En 1663, il était au nombre des 17 colons à
qui le gouverneur Pierre Dubois Davaugour avait, le 4 mars, affermé
pour deux ans la traite de Tadoussac ; toutefois, ce bail, jugé
irrégulier, fut peu après cassé par le Conseil
souverain. Entièrement tourné vers la traite, le «
petit roi de Tadoussac » ne se mit guère en peine,
peut-être faute de capitaux, d'exploiter les nombreuses
concessions dont il fut le bénéficiaire. Après
la seigneurie de Bellechasse, qu'il céda le 15 novembre 1672 à
M. Berthier, Marsolet avait reçu : de l'abbé de La
Ferté, le 5 avril 1644, les prairies Marsolet, un arrière-fief
d'une demi-lieue de front par deux de profondeur, dans la seigneurie
du Cap-de-la-Madeleine ; de la Compagnie de la Nouvelle-France, le 16
avril 1647, la même étendue de terre, dans une partie de
la future seigneurie de Gcntilly, qu'il vendit à Michel
Pelletier de La Prado le 23 octobre 1671 ; et de Jean Talon, le 3
novembre 1672, le fief Marsolet, d'une demi-lieue de front par une
lieue et demie de profondeur, dans la future seigneurie de
Lotbinière. Aucun de ces fiefs ne fut habité ou
défriché par les soins de Marsolet. Dans la censive de
Québec, Marsolet possédait deux autres terres : 71
arpents au coteau Sainte-Geneviève. accordés par la
Compagnie de la Nouvelle-France le 29 mars 1649. et 16 arpents sur la
rivière Saint-Charles, concédés par Louis
d'Ailleboust le 10 février 1651. Seule la terre du coteau
Sainte-Geneviève fut mise en culture — en 1668, Marsolet
déclare que les 71 arpents sont « à présent
en labour » et qu'il y « a fait bastir deux logis et une
grange » — ; il semble, comme le laisse croire le bail à
ferme passe entre Marsolet et Raymond Pajet. dit Carcy, en 1656, que
cette terre fut surtout exploitée par des fermiers. Peu avant
1660, et bien qu'à l'occasion il servit encore d'interprète,
Nicolas Marsolet mit fin à ses courses vers Tadoussac pour se
consacrer à ses affaires a Québec. C'est dans cette
ville qu'il décéda le 15 mai 1677. Sa veuve, qui lui
avait donné dix enfants, convola avec Denis Le Maistre, le 8
mai 1681. Elle fut inhumée à Québec le 21
février 1688. Quant aux enfants de Marsolet, quelques-uns
s'allièrent aux meilleures familles de la colonie. Avec le
vieil interprète disparaissait, en 1677, l'un des derniers
témoins des premières années de Québec.
Ces années héroïques, Nicolas Marsolet les avait,
certes, vécues intensément. 11 nous plaît de
reconnaître en lui l'un de ces hommes épris d'aventure,
courageux, durs à la tâche, qui, même s'ils ne
furent pas toujours sans reproche, contribuèrent à
bâtir la Nouvelle-France.
(source
notice d'André Vachon in dico bio canada)
Lien
avec Madonna:
Nicolas
MARSOLET 1601-1677 &1637 Marie BARBIER 1619-1688 d'où
Marie
Madeleine MARSOLET 1646-1734 &1662 François GUYON, sieur
des Prés 1639-1718 Geneviève GUYON 1679-1757 &1699
François de CHAVIGNY +1725 d'où
Marie
Geneviève de CHAVIGNY 1706-1745 &1724 Joseph Marie HAMELIN
1700-1760 d'où
Marguerite
Euphrosine HAMELIN 1745 & Daniel MACANNEVILLE +/1798 d'où
Pierre
DANIEL & Rose de CHAVIGNY d'où
Isodore
DANIEL 1809-1865 &1833 Marie-Louise Champagne ORION ca 1809 d'où
Emilie
DANIEL 1845-1906 &1865 Henri Nazaire FORTIN 1840-1900/ d'où
Henri
Guillaume FORTIN & Marie-Louise DEMERS d'où
Elsie
FORTIN & Willard FORTIN d'où
Madonna
Louise FORTIN & Silvio Anthony Tony CICCONE d'où
Madonna
Louise Veronica Esther CICCONE
CAEN,
ÉMERY DE, capitaine de la marine au service de la Compagnie de
Caen, commandant de Québec de 1624 à 1626 et en
1632-1633, fils d'Ézéchiel de Caen et de Marie Sores
(Sors ou Soré), baptisé à Rouen le 21 avril
1603. Marchand, bourgeois et armateur, Ézêchiel de Caën,
dès le début du XVIIe siècle, était
engagé dans le commerce de l'Amérique et des Indes
orientales ; en 1613, il était de la Compagnie des Marchands
de Rouen et de Saint-Mato pour la traite du Canada ; il participa à
une expédition aux iles de la Sonde en 1616 et il une
expédition aux Indes orientales en 1619. if fut associé
à l'entreprise commerciale de son neveu Guillaume de Caën
et de son fils Émery en Nouvelle-France. Avec son cousin
Guillaume de Caën, qui venait d'obtenir le monopole de lu traite
de la Nouvelle-France, Émery de Caën arrive a Québec
en 1621, à la fois pour secourir la colonie et pour commencer
le commerce des fourrures. 11 revient ensuite chaque année
avec les navires de la compagnie. De 1624 ù 1626, c'est lui
qui commande à Québec, en l'absence de Champlain.
Lorsqu'il vient au pays en 1629 pour approvisionner Québec et
embarquer les foururres qu'y a laissées Guillaume de Caën,
il rencontre les Kirke et est défait. Il reparaît en
Nouvelle-France en 1631, pour diriger la traite qui cette année-là
appartient à Guillaume de Caën, mais les Anglais lui
refusent toute liberté de commerce ; le 22 août, en face
de Québec, à bord du Don-de-Dieu, il rédige une
protestation solennelle et retourne en France. Lorsque, en 1632,
Guillaume de Caën est chargé par Richelieu d'organiser la
reddition de Québec, c'est Émery de Caën, qu'on
nomme le 4 mars, commandant de Québec et qu'on envoie en
Nouvelle-France. Accompagné de son lieutenant, Du
PLESsis-Bochart, et du jésuite Paul Le Jeune, il arrive à
Québec et, le 29 juin, il somme les Anglais de se retirer.
Ceux-ci poursuivent néanmoins leur traite aux dépens de
la compagnie ; le 6 juillet, Émery de Caën présente
ses lettres : les Anglais le renvoient à huit jours ; enfin,
le 13 juillet, ils rendent le fort et s'en vont. Émery de Caën
dirige ensuite la colonie, de l'été de 1632 jusqu'au
printemps de 1633. Le 22 mai, il remet les clefs du fort à Du
Plessis-Bochart qui, le lendemain, les rend à Champlain. Émery
de Caën quitte ensuite le pays pour n'y plus revenir. Pendant
les deux mandats qu'il remplit à titre de commandant de
Québec, et surtout pendant le deuxième, Émery de
Caën ne mérite pas la condamnation sévère
ou le jugement méprisant qu'en certains milieux on a porté
contre lui. Les documents nous font voir un chef tout à fait
sympathique aux missionnaires et aux sauvages ; en 1632, il va
volontiers rendre visite aux Jésuites. Pendant longtemps on
s'est demandé s'il était protestant ou catholique. Les
recherches du généalogiste Archange Godbout ont établi
que, fils du catholique Ézéchiel de Caën, Émery
est né catholique et qu'il a vécu en catholique. L'on
comprend pourquoi Richelieu l'envoya en Nouvelle-France alors que le
protestant Guillaume de Caën s'en trouvait écarté.
Marcel
Trudel
Pour
la bibliographie relative à Émery de Caën, V.
celle de Guillaume de Caën.
(source
dico bio canada)
CAËN,
GUILLAUME DE, neveu d'Ézéchiel de Caën [V. Émery
de Caën], général de la flotte des Compagnies de
Montmorency et de Venta-dour, adjudicataire de la traite de la
Nouvelle-France de 1621 à 1627, puis en 1631 et 1632, baron du
cap Tourmente en 1624, baron des Bahamas en 1640. Guillaume de Caën,
père, était un Dieppois établi à Rouen.
Puissant armateur, il envoyait des navires en Hollande et à
Terre-Neuve dès 1583. Le 20 juillet 1598, il avait épousé
Marie Langlois, femme d'affaires dont le nom est maintes fois
mentionné dans les procès des de Caën et qui, en
1628, était encore propriétaire de trois navires. De ce
mariage est né Guillaume, protestant comme ses parents.
Capitaine de la marine depuis 1619, Guillaume de Caën, fils,
devient en janvier 1624 baron du Cap-Tourmente, fief qui englobe le
cap, l'île d'Orléans et quelques autres îles ; dès
1626, il porte le titre de seigneur de La Motte ; en 1640, il ajoute
à son nom le titre de baron des Bahamas ; en 1642, il est
seigneur de La Motte Saint-Lys et on le qualifie de « major
général et sergent de bataille des armées
navales de Sa Majesté ». Les documents le disent
toujours « noble homme », qualité que l'on
attribue à ceux qui ne sont point de la noblesse. Régis
Roy, convaincu de la noblesse de de Caën et ne parvenant pas à
en trouver une seule preuve, va jusqu'à supposer que de Caën
est un surnom : rien ne vient étayer cette hypothèse.
De toute façon, c'est ainsi qu'il signe.
Depuis
le système inauguré en 1541 au bénéfice
de Jean-François de La Rocque de Roberval, le soutien et le
peuplement de la Nouvelle-France étaient confiés à
des compagnies privées qui recevaient en compensation un
monopole de commerce. La compagnie précédente n'ayant
pas rempli ses engagements, l'amiral Henri II, duc de Montmorency,
nouveau vice-roi de la Nouvelle-France, s'entendit le 8 novembre 1620
avec une autre société, dirigée par Guillaume de
Caën et par son oncle, Ézéchiel ; le 12 janvier
1621, le roi approuvait ce transfert et, le 23 janvier, Montmorency
nommait Guillaume de Caën général de la flotte de
la nouvelle compagnie. En retour d'un monopole de 11 ans, prolongé
peu après de 4 ans, les de Caën s'engageaient à
payer les émoluments de Montmorency et de son lieutenant
Champlain, à mettre dix hommes chaque été à
la disposition de ce dernier, à subvenir à l'entretien
de six récollets et à établir six familles d'au
moins trois personnes chacune. Champlain reçut l'ordre de
saisir les marchandises de la compagnie précédente.
Fort embarrassé à cause du respect qu'il éprouvait
à l'égard de François Gravé Du Pont, qui
représentait la compagnie à Québec, Champlain
toléra la poursuite de la traite. Une nouvelle décision
de France vint tirer tout le monde d'embarras ; les deux compagnies
étaient autorisées pour cette année 1621 à
trafiquer concurremment, à condition de contribuer à
parts égales à l'entretien de la colonie. Le 20 mars
1622, Louis XIII fusionna les deux sociétés en une
seule qui, à partir du 1er avril, s'appella Compagnie de
Montmorency et eut à sa tête les de Caën :
Ézéchiel, Guillaume (toujours général de
la flotte) et Émery. Valable jusqu'en 1636, en principe, ce
monopole était aux mêmes conditions que celui de 1621.
Or cette compagnie, dite aussi Compagnie de Caën, se composait
de catholiques et de huguenots : des trois chefs, l'un était
protestant (Guillaume), les deux autres, Ézéchiel et
Émery, étaient catholiques. Il arrivait parfois que les
équipages, formés en majorité de huguenots,
entraient en conflits de religion. Déjà, en 1621, dans
une pétition apportée en France par le récollet
Le Baillif, les notables de Québec avaient demandé que
les huguenots fussent exclus de la Nouvelle-France, mais Louis XIII
avait préféré respecter la liberté
relative que l'édit de Nantes assurait aux protestants. Quoi
qu'on en ait écrit, Guillaume de Caën n'est pas d'une
façon personnelle responsable de ces disputes : Sagard le
présente comme « homme poly, libéral & de bon
entendement » ; c'est grâce à lui qu'en 1626 le
jésuite Charles Lalemant put faire des études de
langues avec un interprète qui refusait depuis dix ans
de communiquer quoi que ce soit aux Récollets ; et, des
jésuites qui firent avec lui la traversée de 1626, la
Relation écrit: «lesquels il traitta
courtoisement ». Selon Dolu, intendant de la Compagnie de
Montmorency, de Caën « donnoit espérance de se
faire catholique ». Certes, la réception des Jésuites
en 1625 n'a pas été celle qu'ils attendaient, mais rien
n'avait été prévu pour eux et Guillaume de Caën
n'avait pris à charge que les Récollets ; d'ailleurs,
la lettre du jésuite Lalemant est sans amertume : «
Monsieur le General après nois avoir déclaré
qu'il luy estoit impossible de nous loger ou dans l'habitation ou
dans le fort, & qu'il faudrait ou repasser en France, ou nous
retirer chez les Pères Recollets nous a contrainct d'accepter
ce dernier offre » ; ainsi, les Jésuites devenaient
indirectement à la charge de de Caën, puisque c'est lui
qui subvenait aux besoins des Récollets. On a encore retenu le
conflit qui a éclaté entre de Caën et le jésuite
Noyrot à Honfleur en 1627, mais ce conflit n'a pas la religion
pour cause. Diverses accusations ont été portées
contre Guillaume de Caën : il s'est défendu lui-même
à la satisfaction des autorités et un examen
attentif des documents démontre que sa conduite n'est
nullement celle d'un huguenot fanatique ; récollets et
jésuites sont d'accord pour en faire l'éloge.
Intimement associé à des catholiques (son oncle
Ézéchiel et son cousin Émery), Guillaume de Caën
pouvait difficilement s'en prendre aux catholiques comme tels. Les
huguenots du reste seront peu à peu évincés ;
Richelieu entre au Conseil d'État en 1624 ; en janvier 1626,
la Compagnie de Caën est tenue de nommer deux capitaines
catholiques pour sa flotte, dont un serait désigné pour
conduire les vaisseaux ; Guillaume de Caën, toujours titulaire
du monopole, n'avait plus le droit de se rendre en personne en
Nouvelle-France. En octobre suivant, Richelieu devient grand-maître
et surintendant de la navigation ; il supprime en janvier 1627 la
charge d'amiral et, trois mois après, révoquant pour la
Nouvelle-France l'édit de Nantes, il fonde la Compagnie des
Cent-Associés qu'il lance dans un programme de colonisation
intensive, à caractère exclusivement catholique. La
Compagnie de Caën se trouvait éliminée. Il restait
à la liquider. Champlain reçut l'ordre de procéder
à l'inventaire des biens ; les de Caën se virent défendre
en 1628, « à peine de la vie », d'envoyer des
navires et des marchandises en Nouvelle-France, mais leurs commis
furent autorisés cette année-là à traiter
certaines marchandises qu'ils avaient encore dans la vallée du
Saint-Laurent. En 1629, sous prétexte de porter secours à
la colonie, mais en fait pour aller chercher 50 000 écus de
pelleteries qu'il avait à Québec, Guillaume de Caën
demande en vain la permission de se rendre en Nouvelle-France. Engagé
dans des procès contre les Cent-Associés et contre
l'ancienne Compagnie des Marchands de Rouen et de Saint-Malo,
Guillaume de Caën apprend à l'automne de 1629 que les
Ktrke ont emporté en Angleterre les fourrures qu'il avait à
Québec ; il se rend à Londres au début de 1630
avec Jacques Couillard de Lespinay et, le 9 avril, il obtient du
Privy Council que ses fourrures lui soient rendues. Mais, malgré
les sommations faites aux Kirke, les clefs de l'entrepôt
restent d'abord introuvables, puis on constate qu'une bonne partie
des fourrures ont disparu. De Caën réclame alors 266 000#
; l'Angleterre lui donne partiellement raison, mais, huit ans après,
le jugement n'est pas encore exécuté et de Caën
continue de poursuivre les Kirke. En 1631, Guillaume de Caën
obtient de nouveau le monopole de la traite dans le Saint-Laurent,
mais les Anglais accaparent toutes les fourrures malgré les
protestations d'Émery de Caën. En 1632, Richelieu charge
Guillaume de Caën d'organiser la reddition de Québec : de
Caën se voit accorder un navire 10 000# et le monopole de la
traite pour cette année-là, à condition qu'il
n'y aille pas lui-même et que soient catholiques tous ceux qui
hiverneront à Québec ; son cousin Émery est
nommé commandant. Ce dernier se présente dans le
Saint-Laurent, mais les Anglais laissent traîner la discussion,
de façon à s'assurer la traite du printemps ; de plus
l'on trouve l'Habitation brûlée avec les 9 000 castors
qui appartenaient à de Caën. Celui-ci s'en plaint à
Richelieu qui répond : « Avec Le temps vous trouverez
les moyens de vous desdommager ce qu'en mon particulier je souhaite
avec passion ». De Caën travaillera ferme à se
faire rembourser, poursuivant la Compagnie des Cent-Associés
de laquelle il obtient enfin, en 1643, un dédommagement de 350
000#, soit un capital de 150 000# et les intérêts. De
plus, pour avoir perdu avant terme son monopole et sa baronnie du cap
Tourmente, il obtient de Richelieu, en janvier 1633, la propriété
de cinq Petites Antilles jusque-là inoccupées par les
Européens. Cette donation fut confirmée en 1640. De
Caën prit le titre le baron des Bahamas. En 1642, nous le
retrouvons très • occupé à des réclamations
: il assigne les Kirke en justice pour 137OOO# qui lui restent dues ;
il fait vendre aux enchères un navire turc pour se dédommager
de 22 000 écus qu'il a perdus aux mains des corsaires d'Alger
; il obtient jugement contre un Le Faucheur pour une somme de 30
000#. Nous le perdons ensuite de vue. De Suzanne Petit, qu'il avait
épousée vers 1625, il avait eu au moins deux enfants,
Hélène et Marie. L'histoire canadienne a retenu que
Guillaume de Caën, adjudicataire de la traite et responsable des
affaires de la Nouvelle-France, ne s'est pas soucié de
colonisation. Champlain, lieutenant du vice-roi, rêvait d'une
vraie France nouvelle avec des institutions régulières
et une population stable, et de l'exploitation de toutes les
ressources du pays. Or la colonie se dépeuple au lieu
d'augmenter. Le commandant de Québec a peine à obtenir
les dix hommes promis par la compagnie pour parfaire l'Habitation et
travailler au fort. Hélène Boullé en est même
réduite en 1627 à poursuivre de Caën devant les
tribunaux pour qu'il verse à Champlain ses émoluments.
« Pour-veu que la traitte se fasse », écrit ce
dernier, pour eux « c'est assez ». Guillaume de Caën
ne voit en la Nouvelle-France qu'un comptoir de traite ; et la traite
pouvait rapporter beaucoup : en 1628, il accuse un bénéfice
de 100 000#. Mais le risque était gros ; et il fallait lutter
sans cesse contre la contrebande, celle des Rochelais en particulier,
qui se précipitaient à travers les glaces au petit
printemps pour rafler les fourrures. De plus, les exigences de la
France, ridiculement faibles au point de vue de la colonisation,
démontrent bien que la France officielle d'avant 1627 ne songe
pas sérieusement à la colonisation : ce n'est pas en
faisant établir six familles qu'on peuple un pays ! Il faut
tenir compte de ces conditions avant de condamner Guillaume de Caën.
Il a des réalisations à son crédit : c'est aux
frais de sa compagnie que l'Habitation a été terminée,
que le fort a été construit (même si de Caën
s'y est d'abord opposé) et fourni d'armes ; il a subvenu aux
besoins des Récollets ; il a amené du bétail et
fait bâtir une ferme au cap Tourmente ; sous son règne,
trois importantes concessions de fiefs (Sault-au-Matelot, Lespinay et
Notre-Dame-des-Anges) ont été faites ; il a dressé
un petit fort dans l'île Miscou. Le bilan reste pauvre, mais
celui de la Compagnie des Cent-Associés, munie pourtant de
puissantes ressources, ne sera pas tellement plus brillant. En tout
cas, c'est avec de Caën que se termine l'histoire des petites
compagnies de commerce responsables de la colonisation, et il est en
même temps le dernier protestant à détenir le
monopole de la traite en Nouvelle-France.
Marcel
Trudel
Les
sources relatives aux de Caën sont nombreuses, mais disséminées.
On trouve un grand nombre de pièces dans les fonds suivants :
AE, Mém. et doc, Amérique, 4, ff.119s. — AN, Col.
C11A, 2 ; F3, 3 ; E, 63, 86, 87a et b, 88a, 95a-b, 111, 117, 126,
167c ; G7, carton 1312, no 194 ; V6, cartons 59, 60 et 62 ; Z1d, pour
les procès de de Caën de 1626 à 1651 (en
particulier la liasse 105).— BN, MSS, Fr. 8 028, 16 738,
ff.132, 143, 148 ; MSS, NAF 9 269 (Margry). — PRO, Acts of the
P.C., col. ser., 1613-80, xxxi-iv, 139-156, et passim ; PRO, CSP,
Col., 1574-1660 [V. Decaen]. — Champlain, Œuvres
(Biggar). — Champlain, Œuvres (Laverdière),
990-1015 (pièces relatives aux démarches de Guillaume
de Caën à Londres, de 1630 à 1633). —
Documents inédits, éd. Joseph Le Ber, RHAF, III
(1949-50) : 587-594. Les documents, de 1630 et 1631, reproduits dans
cet article, sont accompagnés d'une étude de Le Ber et,
surtout, d'une longue note, à la page 592, dans laquelle le
généalogiste A. Godbout établit, en se basant
sur des archives de Rouen, qu'Émery de Caën était
catholique de naissance et qu'il était fils d'Ézéchiel.
— Ducreux, History (Robinson et Conacher). Au vol. I: 134,
l'auteur écrit que Guillaume de Caën a été
nommé commandant de Québec en 1632, alors qu'il s'agit
d'Émery, et les éditeurs n'ont pas corrigé cette
erreur dans une note.—JR (Thwaites), IV : 170, 204-206, 210,
256-258, 267 ; V : 41-43, 59-70, 159, 202, 209, 275, 283 ; VI : 73 ;
VIII : 288. L'éditeur Thwaites, dans ses notes comme dans son
index, prend Émery pour Guillaume. — Lescarbot, Histoire
(Grant). Au vol. II : 26, note 1, les éditeurs citent l'erreur
d'un écrivain anglais de 1672, Josselyn, qui expliquait
l'origine du nom de Canada par celui de de Caën, prononcé
Cane. — P.-G. Roy, Inv. concessions. — Sagard, Histoire
du Canada (Tross), I : 95. — Voici un choix des ouvrages
récentes : E. R. Adair, France and the beginnings of New
France, CHR, XXV (1944) : 246-278. — Biggar, Early Trading
Companies,
(soure:
dico bio canada)
Source:
Dépouillements CG Finistère, 2005
I.
Bernardin ARGUIN °v1643 +28.2.1713 Camaret à 70 ans,
écrivain de contrat x Jeanne PETRO / PEDRON °v1763
+22.6.1723 Camaret, lieu-dit Lagatjar à 60 ans d'où
1.
Olive-Pélagie °v1686 +3.9.1748 Quebec 62 ans x 1. Ambroise
RENOYER x2. 14.2.1722 Quebec Paul-François LEMAÎTRE dit
LAMORILLE
2.
Isabelle °v1690 +7.7.1711 Camaret, lieu-dit Notic) +7.7.1711 21
ans d'où post.
a.
Jacques-René ARGUIN °7.7.1711 Camaret, lieu dit Lagatyar
+6.10.1711 Camaret lieu-dit Notic à 2 mois (p: Jacques de
LAMARE, m: Jeanne PETRO)
3.
Jean-Yves-François °v1690 +2.1.1745 marchand, médecin
il arrive au Québec en 1714, il séjourne d'abord à
Louisbourg avant d'arriver à Québec en 1716 x1
17.7.1720 Québec, Notre Dame Geneviève COTé x2.
9.7.1736 Marie-Thérèse DAMOURS, sans post.
4.
Françoise-Rose °v1698 migrante au Québec, elle
arrive avec son frère. Elle séjourne à
Louisbourg avant d'arriver à Québec en 1716 x 11.2.1720
Québec (Notre Dame) François CHAUMEREAU
5.
Anne °v1698 +27.5.1731 Camaret, lieut-dit Port à 33 ans en
présence de sa soeur Gabrielle
6.
Jeanne °v1698 +2.4.1703 Camaret, lieu-dit Lagatyar
7.
Pierre °25.4.1700 Camaret, lieu-dit Notic +30.4.1708 Camaret,
lieu-dit Notic (p: Pierre LE BOYER, m Louise PEDRON)
8.
Bernardin/Bernard °8.9.1704 Camaret, lieu-dit Lagatyar +9.2.1711
Camaret (p: Alain KARAUDREN recteur de Camaret, m: Perrine ARGUIN)
9.
Marie +18.6.1709 Camaret, lieu-dit Notic
10.
Gabrielle ca 1731
Non
relié:
-
Jeanne-Perrinne ARGUIN °v1685 +28.3.1765 Camaret, lieu-dit Notic
à 80 ans
-
Jeanne-Gabrielle ARGUIN °v1697 +24.5.1760 Camaret, lieu-dit Notic
à 63 ans
copyright Jacques Le Marois - Dernière modification: 2006 - N'oubliez pas de citer vos sources! Il peut y avoir des compléments dans le tableau d'ascendance correspondant (g29)